Foire aux questions
La sélection végétale, c’est un moyen d’améliorer le potentiel génétique des plantes. Elle s’opère en sélectionnant les plantes possédant une caractéristique qu’on veut reproduire. À peu près tous les aliments que nous mangeons ont connu ce genre d’améliorations au fil des millénaires, que ce soit par l’évolution naturelle ou par des techniques traditionnelles de sélection.
L’édition génique se distingue des autres techniques de sélection végétale par sa précision et les changements ciblés qu’elle occasionne. Avant de procéder, on effectue des recherches poussées pour confirmer la fonction du ou des gènes visés en vue d’obtenir un résultat donné. Ce sont les avancées scientifiques des dernières décennies et les découvertes dans le domaine du séquençage génomique qui permettent aujourd’hui ce degré de précision.
On veut dire qu’elle reproduit un processus naturel. Illustrons à l’aide d’un exemple récent : la banane. Les phytogénéticiens ont eu recours à la sélection génique pour augmenter la résistance aux maladies de la banane Cavendish. On aurait aussi pu croiser ce cultivar commercial de banane avec une variété sauvage présentant la résistance souhaitée, mais le processus aurait été beaucoup plus long, et des caractéristiques indésirables auraient pu apparaître (bananes plus petites, graines plus grosses, etc.). Pour éliminer ces tares, il aurait fallu des années encore de sélection. Mais grâce à l’édition génique, les phytogénéticiens ont pu utiliser leur connaissance de la banane sauvage pour intervenir sur les gènes du cultivar commercial et créer, avec précision et efficacité, une variété résistante aux maladies.
L’édition génique n’est pas nouvelle puisqu’elle vient de la nature même. Les scientifiques ont adapté ce processus naturel aux plantes et créé, il y a plus de vingt ans, les premiers outils d’édition génique appliquée à la sélection végétale. Puis, il y a bientôt dix ans, est apparu le procédé CRISPR (qui signifie « courtes répétitions palindromiques groupées et régulièrement espacées »); il a vite gagné en popularité et fait l’objet de nombreuses recherches. Selon un récent rapport (en anglais), des scientifiques de partout dans le monde ont démontré que la méthode était aussi sûre que les pratiques traditionnelles de sélection.
Santé Canada a récemment reconnu l'innocuité de cet outil de sélection végétale dans son récent rapport de consultation : « “À la suite d’une revue des connaissances scientifiques actuelles sur l’utilisation des technologies d’édition génique pour mettre au point de nouvelles variétés végétales Santé Canada concluent que l’utilisation des technologies d’édition génique ne suscite pas de préoccupations particulières en matière d’innocuité comparativement à d’autres méthodes de sélection végétale. »
Pas du tout. Ce sera même tout le contraire! L’environnement se transforme et les plantes doivent mieux résister aux changements climatiques. Grâce à l’édition génique, il est possible d’améliorer la résilience et le rendement des végétaux tout en réduisant la consommation de ressources : les coûts normalement associés à l’agriculture baisseront donc, et les produits alimentaires pourront rester abordables pour les consommateurs canadiens. Les aliments sains pourraient même devenir plus accessibles, et ce, partout dans le monde.
L’édition génique vise simplement à faciliter les pratiques traditionnelles de reproduction des plantes : on provoque les mêmes changements, mais de façon plus précise et efficace. Elle regroupe un ensemble d’outils aux vastes possibilités. Les scientifiques utilisent principalement l’édition génique pour améliorer le code génétique de la plante en tant que telle, mais cette technique pourrait servir à transférer de l’ADN d’une espèce à une autre; dans ce cas, la plante produite serait effectivement considérée comme un OGM.
Lorsqu’un phytogénéticien entreprend d’améliorer une espèce végétale, il sait que quelle que soit la technique utilisée (sélection conventionnelle, édition génique ou autre outil de phytogenèse), le travail sera colossal – souvent plus de 10 ans pour une seule variété! Les étapes à franchir sont nombreuses avant de mettre en marché une nouvelle variété, peu importe la méthode employée. Ce processus garantit que tout effet indésirable ou imprévu sera détecté et éliminé, car si la nouvelle variété n’est pas supérieure à celles que l’on tente d’améliorer, on n’aura rien gagné dans l’opération.